Lors de la première réunion de l’année, le groupe de recherche a mené une réflexion théorique concernant les cadres de réflexion privilégiés par chaque membre de OAC-NS. Nous avons également réfléchi à l’élaboration de textes présentant les enjeux du projet de recherche à des fins de communication externe.

Présupposés du projet et question de recherche

La préoccupation environnementale et la croyance dans l’efficacité de la consommation se construisent dans les interactions sociales et peuvent notamment résulter d’une prise de conscience collective portée par les organisations alternatives citoyennes (OAC).

Les OAC sont considérées comme des innovations sociales. Elles résultent de démarches collectives ayant pour objectif de redonner aux citoyens un pouvoir d’action sur les modes de production et/ou de consommation, les manières de travailler ou d’habiter les territoires. Les OAC, en participant à différents domaines économiques (alimentation, énergie, transport, habitat, etc.), cherchent à transformer les modèles organisationnels et économiques dominants. Ces OAC ont pour but de construire collectivement des solutions répondant aux problématiques de développement durable sur un territoire.

Pour autant, les résultats de travaux mettent en évidence que la capacité transformative de ces initiatives citoyennes ne va pas de soi et que la dynamique de transformation vers des comportements de consommation plus durable rencontre de nombreux obstacles qui sont autant d’étapes à franchir dans le processus de changement vers des territoires durables.

Le projet OAC-NS vise donc à répondre à la question suivante : à quelles conditions les OAC favorisent-elles l’appropriation et le pouvoir d’action des citoyens des enjeux liés au développement durable sur leur territoire ?

Objectifs du projet

Pour répondre à cette question, le projet OAC N‑S se donne pour ambition de faire dialoguer un ensemble de disciplines de sciences humaines (gestion, économie, sociologie, urbanisme, communication et science politique) pour étudier des OAC. L’analyse s’enrichira d’une démarche comparative de projets déployés en France, au Maroc et en Tunisie. OAC N‑S s’intéresse ainsi à l’action collective organisée sur des territoires donnés, qu’il s’agisse de villes ou de zones rurales en périphérie de villes, en adoptant les principes des recherches partenariales consistant à travailler non pas « sur » mais « avec » les acteurs de l’écosystème de ces OAC. En retour, les acteurs qui acceptent de nous ouvrir les portes de ces expérimentations citoyennes bénéficient d’une expertise scientifique et d’un accompagnement. Dans une perspective actionniste, ce projet de recherche vise à construire avec les acteurs un référentiel de pratiques synonymes de conditions de réussite de ces modèles organisationnels alternatifs.

Méthode(s)

Pour répondre à ces objectifs, le projet OAC N‑S adopte une approche interdisciplinaire sur le plan théorique (gestion, économie, urbanisme, sociologie, communication et science politique) et des méthodes de recherche partenariale sur les terrains (entretiens individuels avec les différentes parties prenantes, entretiens de groupe, observations participantes, analyse de documents). Le choix d’adopter ce type de méthodes répond à une volonté des chercheurs et des parties prenantes de la recherche d’accompagner les dynamiques de transitions vers des territoires plus durables par la recherche et la formation.

Plus précisément, en adoptant une démarche compréhensive, ce projet vise à décrire quels sont les acteurs impliqués, leurs histoires, les interactions entre les acteurs, leurs arguments, comment ils justifient ce qu’ils font et avec qui. Tout en considérant aussi l’arrière-plan culturel, socioéconomique et politique pour bien décrire dans quels contextes ces organisations et initiatives se développent. La préoccupation environnementale n’est en effet pas uniformément distribuée. Elle dépend d’un certain nombre de facteurs liés au contexte politique du territoire, au désir des citoyens de participer à la définition des enjeux du développement durable, aux secteurs d’activités (énergie, alimentation, logement, etc.). Ces facteurs seront donc considérés et explorés.

Résultats attendus

Cette recherche permettra de proposer une taxonomie d’organisations alternatives et citoyennes pour mieux comprendre en quoi elles participent (ou non) aux transitions écologiques, économiques, sociales. Il s’agira de mettre en évidence avec les acteurs les tensions, les rapports de force au sein de leurs éco-systèmes relationnels (éco-systèmes composés des habitants des territoires, des collectivités locales, des institutions politiques, des investisseurs privés, etc..) qui viennent en affaiblir ou renforcer le potentiel transformatif. Une attention particulière sera également portée aux mécanismes d’inclusion et d’exclusion des acteurs engagés dans ces projets collectifs générés par les modèles de gouvernance des OAC, favorisant ou empêchant l’appropriation des enjeux liés au développement durable sur les territoires. Dans cette veine, il s’agira enfin de concevoir et proposer des méthodes d’évaluation des démarches de structuration de ces projets participatifs et collectifs, ainsi que de leurs performances économiques et sociétales.

L’approche comparative des cas étudiés offre la possibilité d’appréhender des conceptions différentes du développement durable, une pluralité de dispositifs organisationnels permettant de sensibiliser, d’inclure et/ou d’impliquer les citoyens, une diversité de tensions et de rapports de domination entre les différentes parties prenantes de ces projets. Le regard croisé Nord-Sud vise à déconstruire et à enrichir les travaux sur la citoyenneté économique et sur la participation des consommateurs/citoyens/habitants à la définition des enjeux de développement durable.

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